Les enceintes interrompues

du Néolithique et du Chalcolithique en France


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L’enceinte chasséenne de Compiègne

L’article « Analyse structurale de l’enceinte chasséenne de Compiègne (Oise) » paru dans la Revue archéologique de Picardie et écrit par C. Toupet (archéologue au Service Départemental d’Archéologie du Val-d’Oise, conservateur du patrimoine au Musée Archéologique du Val-d’Oise, Conseil Général du Val-d’Oise) nous explique toute la morphologie de l’enceinte et tente d’émettre des hypothèses quant à sa fonction.

Selon C. Toupet : « Il est envisagé que ces enceintes auraient pu avoir des fonctions agro-pastorales combinées à des préoccupations défensives et culturelles. » Il touche ici les trois hypothèses possibles des enceintes protohistoriques, sans en exclure au départ.

Il n’y a pas de bâtiments de type chasséen retrouvés dans l’enceinte. Les structures en creux et trous de poteaux, qui attestent la présence d’un habitat, sont absents à l’intérieur de la structure. Mais l’auteur note quand même la présence de matériel (Fig. 1) près de la palissade orientée NE – SO et n’exclue pas totalement la présence d’un habitat léger adossé à la palissade en bois.

Fig. 1, Compiègne "Coq Galleux" (Oise). La céramique chasséenne. Image : Analyse structurale de l'enceinte chasséenne de Compiègne (Oise)

Fig. 1, Compiègne « Coq Galleux » (Oise). La céramique chasséenne. Image : Analyse structurale de l’enceinte chasséenne de Compiègne (Oise)

L’article porte essentiellement sur l’analyse structurale de l’enceinte même, c’est-à-dire une étude poussée de la morphologie de la palissade. En dernière partie, l’auteur nous offre des hypothèses. Selon lui, l’enceinte aurait servit à délimiter une zone de culture. La palissade symboliserait la frontière entre le culte et l’inculte, entre le monde anthropisé et le monde sauvage. Mais en tout premier lieu, l’enceinte (d’une surface de 15Ha) protegerait les cultures et les troupeaux des animaux sauvages. Cette fonction de protection, d’enceinte agro-pastorale, est attestée par l’ethnoarchéologie dans les Caraïbes, où les populations locales érigent des palissades autours de leurs cultures pour les protéger. Christophe Toupet admet également que les populations cherchaient peut être à se protéger d’autres groupes humains (Fig. 2).

Fig. 2, En haut : reconstitution de l'enceinte chasseenne. Vue cavalière vue du sud. En bas : hypothèse de reconstitution architecturale du système fossé-tranchée de palissade. Image : Analyse structurale de l'enceinte chasséenne de Compiègne (Oise)

Fig. 2, En haut : reconstitution de l’enceinte chasseenne. Vue cavalière vue du sud. En bas : hypothèse de reconstitution architecturale du système fossé-tranchée de palissade. Image : Analyse structurale de l’enceinte chasséenne de Compiègne (Oise)

L’analyse des sols amènent à penser la présence d’un cheptel et de culture dans l’enceinte. La présence de fumier, issu des cultures pour nourrir les bêtes était à la fois utilisé pour enrichir le sol. Le troupeaux de ruminants pouvait être de sortie la journée puis être rentré le soir pour évité une dispersion, une attaque ou un vol. L’enceinte serait alors une zone de stabulation et de culture à grande échelle et à multiples fonctions.